A quelques jours de la reprise de la fédérale 1, du côté de la cité des Mégissiers et du Sporting Club Graulhetois, un des vieux grognards du club. Jules Montels, attend cette saison avec impatience. Enfant de ce pays Tarnais qui respire le rugby à plein poumon, Jules à mal vécu les dernières saisons du SCG, qui voyait les défaites s’ enchaîner. Au grès d’un mercato ambitieux et malin , ainsi que d’une recomposition de la fédérale, le « petit Montels » et Graulhet peuvent à nouveau rêver aux voluptés de la victoire , tout comme à une dynamique de club positive. Entretien avec un joueur emblématique des rouges et noirs tarnais, qui espèrent ré -embraser le chaudron de Pelissou via une belle aventure humaine et sportive.

Crédit photo Arnaud Bertrand / SCG

Jules, une nouvelle saison s’annonce pour le Sporting Club Graulhetois avec peut-être un peu plus d’ambitions que les saisons passées ?

Oui, tout à fait et surtout l’ambition de renouer avec les victoires. La victoire est un goût que nous avons perdu ces derniers temps et que nous avons vraiment à cœur de retrouver avec la joie qui va avec pour tout un club.

Et pour ce stade Pélissou qui ne demande que ça, de voir ses mégissiers arriver enfin à ramener la joie et les sourires dans son enceinte ?

Bien entendu, avant tout de se faire plaisir nous-mêmes mais aussi de rendre hommage et de faire plaisir aux bénévoles, aux dirigeants et à tous les gens qui suivent le club donc, d’entraîner tout le monde avec un peu de joie, ce qui manque depuis trop de temps maintenant. Nous avons vraiment à cœur de bien faire cette année, de bien démarrer et que ça s’enchaîne ensuite de manière positive si Mr Corona veut bien nous laisser jouer.

On va l’espérer et le souhaiter. Cette nouvelle ambition n’est pas tombée du ciel comme ça, il y a des faits qui sont tangibles. Le premier, c’est un recrutement qui a de la gueule, on ne va pas se mentir ?

Tout à fait. Sur le papier, nous avons un peu plus de moyens que les années précédentes, en tous cas des moyens humains. Pour le financier, ce n’est pas à moi d’en parler (rires).

Il n’y a pas de Qataris qui sont arrivés à Graulhet ?

Non, les Qataris ne sont toujours pas arrivés. On les a cherchés et on les cherche encore, si jamais ceux de Béziers sont toujours en quête d’un club, on veut bien leur ouvrir nos portes. Mais pour l’heure, nous faisons avec les moyens que nous avons en essayant d’optimiser les réseaux de chacun pour trouver des joueurs susceptibles de nous rejoindre et de coller à l’esprit du club. Donc, je pense que cette année, nous avons un peu plus de quantité et de qualité parce-que ça nous faisait aussi défaut. Nous manquions souvent d’effectif pour tourner et ne pas arriver en fin de saison tous à bout de souffle. Ce sont donc des joueurs avec un bon état d’esprit et un mélange d’expérience et de dynamisme avec des jeunes qui ont les dents longues. Tout ça fait bien plaisir à voir, ça fait plaisir à voir sur la prépa et il faut que ça se concrétise sur le terrain en début de championnat.

Ces nouvelles recrues se sont bien greffées à ce groupe ? Car c’est un groupe qui a un vécu, qui n’a pas beaucoup changé depuis les dernières saisons à Graulhet. Il a fallu qu’un amalgame se fasse ?

Il y a quand même eu quelques départs de joueurs qui étaient au club depuis quelques temps ou, plus récemment, qui collaient plus ou moins à l’état d’esprit ou qui se sont plus ou moins intégrés. Là, il y a un renouvellement qui fait vent de fraîcheur et je trouve que, par rapport aux années précédentes et sur la période de préparation, on sent déjà un peu de mieux dans l’élan, dans la solidarité et l’ambiance générale. Donc, je pense que l’amalgame va se faire très rapidement entre plus anciens et nouveaux. Et après, c’est comme partout, si la victoire est là, la solidarité et l’état d’esprit d’équipe se font beaucoup plus rapidement. Je pense que maintenant, c’est vraiment la victoire qui scellera un peu le lot du groupe mais les prémices sont plutôt bonnes.

On parle aussi de nouvelles ambitions pour Graulhet parce qu’il y a une nouvelle sociologie de la Fédérale 1. Tous les gros cadors pros sont partis, il y a eu pas mal de promus ce qui fait que, par  » jeu de cascade « , Graulhet est monté d’un rang dans les favoris ?

Non, nous sommes loin de cette prétention puisque plus de clubs de Fédérale 2 sont montés donc ça va niveler un peu. Et nous, qui étions vraiment dans le fond du classement des derniers temps, je pense que nous allons retrouver des clubs avec qui nous serons plus à même de lutter, c’est certain. Les cadors comme tu disais, du moins les structures pros, vont jouer entre elles ce qui, à mon avis, est plus intéressants pour eux et pour nous. Je pense que ça va nous permettre de jouer des matches plus équilibrés et d’exister aussi parce-que, ces derniers temps, nous n’existions pas trop. Il est certain que non, ça ne sera pas plus facile parce qu’il y a une adversité et que les clubs qui montent de Fédérale 2 sont souvent bien plus outillés. En tous cas, ceux de notre poule sont tout autant outillés que nous voire même plus donc nous n’aurons pas la prétention de qualification ou de quoi que ce soit mais seulement de gagner.

Pour aller dans le sens de ton propos, il y a un club que j’appelle un peu  » le faux promu  » qui est La Seyne-sur-Mer. Ils sont remontés cette saison après une descente sur un malentendu la saison d’avant car c’est un club qui était rompue à la Fédérale 1. Ils remontent aussi sec avec un recrutement XXL, ils sont promus mais pourraient très vite se retrouver avec le statut de favori ou de tête de gondole de cette poule 3 ?

Ça fait partie des ambitieux parce-que les plus gros sont maintenant regroupés entre eux dans cette Nationale. Mais, il y a toujours des clubs qui ne figurent pas dans cette division mais qui en auraient les ambitions de par leurs moyens financiers. Ils vont jouer avec nous mais il est sûr que La Seyne en tant que promu a, je pense, ces moyens-là de prétendre aux premières places. Donc, il faudra bien sûr les jouer et c’est pour cela que, même si ce sont des promus, ils n’en ont rien au niveau sportif.

Parlons aussi de rugby tarnais. Il va y avoir le derby classique Lavaur / Graulhet et Graulhet / Lavaur mais il va y avoir aussi Mazamet qui rentre dans la danse. J’imagine que ces petits derbys doivent te mettre en appétit ?

C’est sûr parce-que c’est avant tout synonyme d’ambiance, de beaucoup de gens au stade et c’est ce qu’on aime quand on est joueur. Et puis, il y a cette rivalité qui, je pense, existera toujours même si, je me souviens des effectifs d’il y a 10 ans ou un peu moins où il y avait beaucoup de joueurs que l’on connaissait dans les clubs que l’on affrontait. C’est maintenant moins le cas parce qu’il y a plus de turn-over dans les effectifs d’année en année. Donc, ça perd un peu de saveur de ce côte-là parce-que, forcément, quand on joue des gars que l’on connaît en face, il y a un petit plus, les confrontations sont plaisantes. Mais, on ne crachera pas dessus et nous sommes très contents de retrouver Mazamet et Lavaur cette année.

Mazamet, une équipe  » si près, si loin  » parce qu’il y a peu de vécu commun entre Graulhet et Mazamet sur les dernières saisons. Mazamet était en Fédérale 2, Graulhet en Fédérale 1, l’année dernière, ils étaient dans une autre poule que celle de Graulhet. Ça va être une équipe un peu difficile à aborder car vous allez un peu avancer dans l’inconnu ?

Mazamet, c’est toujours rude et pour ma part, je n’ai jamais gagné à la Chevalière en beaucoup de confrontations. On est vraiment content de les retrouver parce-que ça fait quelques temps qu’on ne les a pas joués. Mais on s’attend à un rude combat car, de par leur entraîneur Guichert qui était vraiment un rude et qui leur transmet cet état d’esprit, on s’attend à des confrontations muy caliente. Mais nous sommes contents parce-que ça reste avant tout, encore une fois, la suprématie du Tarn qui sera en jeu au niveau de la Fédérale 1.

On va également parler un peu de toi, de cette préparation physique sur un temps record. Vous avez quasiment eu 3 mois de pause, 2 mois de préparation et 6 mois sans match de rugby. Comment un joueur pluriactif arrive à gérer tout cela ?

Pour tout te dire, il a été délicat de rester motivé les premiers temps après la coupure de s’entraîner comme avant parce-que, forcément, la conjoncture que l’état de stress et le confinement n’incitaient pas à un grand optimisme. Mais, sortis de ce confinement, nous nous sommes remis à nous entretenir un peu plus, à courir et après, avec Graulhet, on a pu se remettre rapidement à la préparation physique par petits groupes. C’était la volonté du président de reprendre assez tôt pour l’état d’esprit, ça fait du bien au moral de tout le monde de se retrouver et de partager des moments ensemble. Donc, nous nous sommes rapidement remis à courir ensemble et au fur et à mesure que les règles sanitaires ont été un peu assouplies, nous avons pu toucher du ballon puis reprendre le contact, la procédure classique que connaissent les clubs maintenant. En tant que pluriactif, c’était surtout se remettre au sport parce-que durant la période où tous les sports étaient interdit, nous nous sommes consacrés au boulot et il fallait renouer. Mais, comme ça reste aussi une passion, on s’y remet très vite.

On a vu que vous aviez fait un stage de cohésion et de préparation à Nasbinals, dans l’Aubrac. C’est un territoire où les gens sont simples, humbles mais emplis de solidarité. C’est une volonté à l’image de ce groupe ?

Ce sont les dirigeants qui ont choisi cette destination parce-que certains y ont des accroches et des atomes crochus, notamment avec la famille Bastide.

Les rois de l’aligot !

Voilà, les régionaux de l’étape et des invétérés. On s’est retrouvé logés chez eux, on a déjeuné chez eux, c’était vraiment du local et je pense que l’on cherchait aussi ce côté un peu authentique pour bien débuter en se retrouvant et en mangeant autour d’un bon aligot. Ça a quand même été studieux puisque c’était un stage axé rugby, nous n’avons pas fait d’activité autre si ce n’est une petite marche le lendemain du match contre Millau. Sinon, ça se voulait studieux et ça l’a été.

Parlons aussi de Jean-Christophe Bacca, c’est sa 3e saison au Sporting Club Graulhetois. On parlait de valeurs de simplicité, d’humilité et de solidarité et là-aussi, on retrouve Jean-Christophe Bacca dans ces valeurs-là ?

Tout à fait, entièrement. Depuis sa prise de fonction, nous n’avons rien à reprocher à Jean-Christophe et pour une grande majorité, on le suit les yeux fermés. Donc, nous sommes très contents qu’il soit reparti pour une nouvelle saison avec Philippe Oro et l’encadrement. De ce côté-là, c’est une satisfaction qu’il n’y ait pas de changement parce-que je trouve que la continuité est quand même appréciable dans ce sport quand les choses vont bien. Nous, on ne peut pas dire que sportivement, les résultats étaient là mais l’équipe vivait bien et ce n’était en aucun cas du fait des entraîneurs. Donc, à mon avis, c’est très bien que nous ayons cette continuité et de nous asseoir sur un socle de projets. Nous continuons sur la lancée en améliorant certaines choses mais on ne repart pas entièrement de zéro et c’est plutôt positif. Et avec Jean-Christophe et ses valeurs que l’on connaît, de combat mais aussi humaines parce qu’avant d’être un entraîneur, c’est quelqu’un de très humain et ça, c’est important surtout dans un club amateur, je pense.

Un des leviers qui va peut-être vous transcender à Graulhet, c’est que depuis deux saisons, vous enchaînez les défaites, vous avez soif de victoires. Quand vous allez regoûter à ces victoires, ça va quasiment devenir une drogue ?

Oui, je pense parce qu’on l’a trop oublié et je crois que, si on y reprend goût, ce sera un grand bonheur et, comme tu le dis, une forme de drogue à laquelle on aura envie de revenir mais il faut enclencher la machine pour cela.

Quels sont les enseignements que l’on peut tirer des matches amicaux de Graulhet, même si l’on sait que tout est relatif dans ce genre de rencontres ?

Relatif bien sûr parce qu’en tant que club amateur, les congés des uns et des autres font que le groupe n’a pas pu être entièrement présent pour jouer avec un effectif complet. Encore une fois, ce sont des matches amicaux avec aussi beaucoup de turn-over car on souhaitait quand même prendre un effectif élargi avec les espoirs pour voir un maximum de joueurs. Mais en tous cas, l’essentiel restait l’envie et surtout notre défense parce-que nous avons beaucoup encaissé de points les années passées donc, nous avons axé le début de préparation sur la défense et ça commence un peu à payer. Si on prend moins de points, il y en a moins à mettre, il faut le voir comme ça (rires). Les points positifs sont l’état d’esprit car on sent de l’envie et la défense qui s’est améliorée.

On va finir avec deux questions décalées et la première concerne l’un des recrues du Sporting Club Grauhletois qui ne vient pas de loin puisqu’il arrive d’Albi. Est-ce qu’il vous a déjà fait sa spéciale c’est à dire traverser le terrain en tenant le ballon d’une main au-dessus de la tête et en courant ? Je parle bien sûr de Saimoni Nabaro.

Sacré Saimoni (rires). C’est quelqu’un qu’on apprécie déjà beaucoup mais qui nous réserve ses plus belles actions pour les matches.

Pour les matches officiels ?

Oui, pour les matches officiels.

Il a quand même déjà planté un essai ?

Il nous en a déjà donné un aperçu pour nous mettre l’eau à la bouche mais je pense que le plus beau reste à venir. Nous n’avons pas encore aperçu tous ses gestes mais nous avons décelé son potentiel à lui (rires).

Et pour la seconde question décalée, on me dit dans l’oreillette que tu as une âme de cycliste, surtout avec le Tour de France actuellement, et que tu aurais récemment escaladé le Tourmalet ?

Oui, je l’ai escaladé mais dans des conditions difficiles, juste après avoir mangé un petit confit, sous la pluie et par 5°. Mais c’est chose faite et j’en suis content.

J’imagine que tu l’as escaladé en peloton ?

Non, en binôme. Pour en revenir au cyclisme, le Tour de France décalé fait que ça nous motive un peu plus parce qu’on s’identifie aux coureurs bien plus légers. J’apprécie le vélo et surtout d’en faire en inter-saison parce-que ça permet aussi de garder la forme et de se changer un peu les idées.

Avec l’arrivée du Tour de France à Lavaur, ça nous permettait de faire un clin d’œil sur le passage du Tour de France dans le Tarn.

Nous sommes allés le voir et je pense que ça a été une belle fête pour le Tarn parce-que c’est la seule arrivée qu’il y avait sur le département.

Pour clôturer, quels sont en trois mots les mots d’ordre et l’état d’esprit du Sporting Club Graulhetois pour cette saison 2020 / 2021 ?

Solidarité, courage et générosité, SCG !

Ça colle bien, ça matche comme on dit. On te souhaite le meilleur pour cette saison et à très bientôt dans le Mag Sport

Merci beaucoup et à bientôt
Propos recueillis par Loïc Colombié, Le Mag Sport

lemagsport81 Fédérale 1, Poule 3, Rugby, SC Graulhet, Sport Story

Top